L’accès au passeport congolais devient un véritable parcours du combattant pour certaines communautés, notamment celles issues de l’Est du pays. Un tweet du journaliste Benjamin Watuna, publié ce 4 février à 12h47, met en lumière une réalité préoccupante :
"L'accès au passeport Congolais devient de plus en plus difficile pour certaines personnes issues des communautés de l'Est du pays : des témoignages inquiétants se multiplient, et je pense qu'il est essentiel d’en parler dès maintenant.
De nombreux cas de refus de passeports, de confiscations et de dossiers bloqués ont été signalés, simplement parce que le nom du requérant ou du détenteur du passeport contient un "R". Les personnes dont les noms comportent "Rwa", "Rwi" ou "Ru" en paient les frais depuis quelque temps. Plusieurs cas dénoncés chez des Bashi, ou encore des "Banyarwandophones" de Masisi et de Rutshuru. Sans autre justification, ils sont assimilés à des ressortissants rwandais, à cause de leurs noms. Parfois, c'est même le lieu de naissance qui constitue un motif de rejet ou de confiscation.
C'est le lieu d'appeler les autorités à ne pas laisser quelques agents de l’ANR et du Ministère des Affaires Étrangères continuer à harceler les citoyens de cette manière. Il est impératif de garantir un accès équitable aux documents administratifs pour tous."
Des Témoignages Qui Se Multiplient
Suite à ce tweet, plusieurs Congolais ont témoigné avoir été témoins ou victimes de cette situation discriminatoire. Ces témoignages dénoncent une exclusion progressive de certains citoyens basés sur des critères ethniques et linguistiques.
Baptiste Lushombo partage une expérience alarmante :
"Deux amis ont été victimes de cette situation. Ils ont failli perdre leur job car ils ne pouvaient pas voyager. L'ANR a dit qu'ils sont des Rwandais. Et pourtant, c'était juste pour renouveler. Ceux qui sont au pouvoir doivent faire très attention pour ne pas diviser ce pays en morceaux. Il semble que ceci est fait pour un objectif précis. C'est très dangereux d’attribuer une nationalité étrangère à certains Congolais."
Benon Muamba dénonce également la lenteur administrative et le harcèlement ciblé :
"Chercher un passeport a toujours causé des problèmes pour les ressortissants du Nord-Kivu, surtout de la communauté rwandophone. Soit, la demande traîne plus de deux ans, soit tu paies plus, soit simplement on te dit elongi nayo eza ya ekolo ya Rwanda (ton visage ressemble à celui d’un Rwandais). Très dommage."
Une Situation Qui Ravive les Tensions Ethniques
D’autres témoignages évoquent une situation bien plus grave, rappelant que cette discrimination alimente des tensions et pourrait aggraver les conflits existants dans l'Est de la RDC.
Josephine Uwera pointe du doigt la responsabilité du régime actuel :
> "Ce régime doit tomber. Il ne fait qu'aggraver les problèmes au lieu de les résoudre. C'est déjà cette exclusion de la communauté rwandophone de l'Est, surtout tutsi/Banyamulenge, tuée, chassée par les FDLR soutenus par les autorités militaires et politiques, qui est à l'origine de la guerre du M23."
Kazadi Pierre ajoute :
"Nous avons toujours dit que Tshisekedi se moque des citoyens de l'Est qu'il qualifie tous de Rwandais. Il revient à nous de nous prendre en charge et d’imposer le respect de notre dignité."
D'autres, comme Benga, témoignent de la méfiance grandissante entre les habitants de l'Est :
"Malheureusement, il y aura toujours des victimes et des personnes qui voudront en profiter. Actuellement, même entre nous, habitants de l’Est, on ne sait plus à qui se fier ou non."
Presley met en garde contre les conséquences politiques d’une telle exclusion :
"La politique administrative de la RDC bascule peu à peu de l'hystérisation à l'hitlérisation. Des stigmatisations qui donneront encore plus de raisons aux supplétifs du M23, qui n'attendent que de tels errements pour justifier leur cause d'auto-détermination."
Les Causes Profondes de la Crise
Si certains accusent directement l’ANR et le Ministère des Affaires Étrangères, d’autres estiment que le problème vient de l’absence d’une administration efficace et fiable.
Dieu Merci explique :
"La cause de ce problème n’est pas l’ANR ou les Affaires Étrangères, mais plutôt l’absence de traçabilité administrative. Il n’y a pas de fiabilité dans les certificats de naissance et les actes de naissance délivrés par les services publics. L’ANR fait un effort pour éviter les fraudes."
Ali, de son côté, évoque une approche discriminatoire dans le contrôle des documents :
"Je connais deux personnes qui ont été convoquées pour des compléments d'informations à cause de leurs noms. Ils étaient tous de l'Ituri. Au nom de quoi quelqu'un peut s'arroger le droit d'estimer qu'un nom, tiré d'une des 250 langues congolaises, ne fait pas très congolais ?"
Un Appel à l’Action Urgente
Ces témoignages soulignent un problème de fond qui nécessite une action rapide des autorités congolaises. Il est impératif de garantir l'accès aux documents administratifs sans discrimination et d’éviter de renforcer les tensions ethniques déjà explosives dans certaines régions du pays.
L'État congolais a le devoir de protéger tous ses citoyens, indépendamment de leur origine ou de leur nom. Un accès équitable aux documents d’identité est un droit fondamental qui ne
devrait en aucun cas être entravé par des considérations discriminatoires.
Commentaires
Enregistrer un commentaire