En visite à Goma, le ministre congolais de la Justice a promis une récompense à toute personne qui permettrait d’interpeller le président Paul Kagame. Kigali parle de « provocation ».
Constant Mutamba est-il galvanisé par la récente inculpation de dirigeants par la justice internationale ? Manifestement gonflé à bloc, le ministre congolais de la Justice n’a pas mâché ses mots, ce dimanche 24 novembre, alors qu’il se trouvait à Goma, chef-lieu d’une province du Nord-Kivu toujours sous état de siège. Accueilli à l’aéroport par les autorités militaires locales, il a fait savoir aux journalistes qu’il était venu pour arrêter… Paul Kagame.
En visite à la prison de Munzenze, non loin de la frontière avec le Rwanda, Constant Mutamba a tissé le fil de son ambition, promettant une prime à toute personne permettant l’arrestation du président rwandais. « Celui qui va me retrouver » ce « grand criminel » rwandais devrait bénéficier d’une récompense pécuniaire, « dont le montant sera décidé en fonction des conditions d’arrestation », a-t-il promis. Étrange appel à localiser un individu qui ne cache généralement pas sa position.
Avant d’être ministre, Constant Mutamba exprimait déjà le souhait que Paul Kagame soit traduit en justice pour des crimes commis en Republique Démocratique du Congo. Avec sa plateforme politique, il s’était dit résolu à déposer une plainte à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes d’agression. La juridiction de La Haye enquête effectivement sur des actes présumés relevant du Statut de Rome qui auraient été perpétrés dans la province du Nord-Kivu, principalement depuis le regain de tension en janvier 2022.
Aux détenus de Munzenze, ce week-end, le ministre a insisté, en swahili, sur la nécessité de proscrire toute « collaboration avec l’ennemi ». Il a, une nouvelle fois, accusé Kigali de chercher à « dominer » la Republique Démocratique du Congo. À la promesse de primes directement liées à une éventuelle interpellation du chef de l’État rwandais, Mutamba a ajouté la perspective de libérations conditionnelles pour dénonciation de complices congolais liés au Rwanda.
« Provocation extrême »
Kigali n’a pas manqué de réagir à ces propos. La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a dénoncé une « provocation extrême » du ministre congolais de la Justice. Elle a aussi tenu à mettre en garde contre la technique russe qui consiste à recruter des criminels et des prisonniers pour les incorporer dans les forces de sécurité.
Si c’est justement à Goma qu’un Mécanisme de vérification ad hoc renforcé (MVA-R) a été lancé, le 5 novembre dernier, l’atmosphère n’est pas à la décrispation régionale. La partie est de la RDC est le théâtre d’hostilités persistantes. Les accusations mutuelles de soutien à des groupes rebelles fusent de part et d’autre de la frontière. Supervisé par l’Angola, le processus de pacification de Luanda ne semble même pas empêcher les escalades verbales
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